Discrimination Sante
07/09/18

RDC : Discriminations dans l’accès aux soins de santé à Goma/Nord-Kivu

De février à mai 2018, ULB-Coopération a mené, avec différents partenaires, une étude sur les discriminations dans l’accès aux soins de santé à Goma, dans la province du Nord-Kivu, en République démocratique du Congo. Quelques résultats…

L’étude permettra de déterminer les actions à mener pour améliorer l’accès aux soins de santé. À Goma, 65 % des individus vivent avec moins de 1$ par jour, bien en-dessous du seuil de pauvreté fixé à 1,90 $ par la Banque mondiale. Malgré cela, les soins de santé sont payants : le système de santé fonctionne sur le principe de recouvrement des coûts, ce qui engendre plusieurs conséquences. Le salaire du personnel soignant et le fonctionnement des institutions de soins dépendant directement des contributions des patients, cela conduit inévitablement à des discriminations, telles que le refus de prendre en charge certains malades ou les traitements différentiels au sein des structures de santé.

Les femmes : premières victimes

En raison du coût élevé des soins, les malades ont tendance à ne recourir que tardivement, voire pas du tout, aux soins de santé modernes. Souvent, les individus doivent effectuer un choix très difficile entre, d’une part, se faire soigner et s’appauvrir ou s’endetter et, d’autre part, ne pas se faire soigner et vivre avec une souffrance physique qui risque de s’aggraver. Certaines catégories de la population rencontrent davantage de barrières que d’autres dans l’accès aux soins de santé. En première ligne, ce sont les femmes qui rencontrent ces obstacles car elles sont globalement plus pauvres et ont moins accès à l’éducation que les hommes. De plus, elles sont soumises à des normes sociales, culturelles et religieuses qui les empêchent de prendre librement des décisions relatives à leur propre corps et à leur santé. Le type de discriminations que rencontrent les femmes dépend également de leur profil. Ainsi, les jeunes filles célibataires ont un accès particulièrement limité aux informations et aux soins relatifs à leur santé sexuelle et reproductive, la sexualité avant le mariage étant en effet très majoritairement réprouvée.
De nombreux jeunes ont toutefois une vie sexuelle préconjugale, l’accès restreint aux préservatifs et aux méthodes contraceptives, ainsi que le refus de fournir une éducation à la sexualité, entraînent donc de graves conséquences, telles les grossesses précoces, les IST et les avortements clandestins.

Les filles-mères et les victimes de violences sexuelles sont également très discriminées. Elles sont stigmatisées, parfois rejetées par leurs familles, et elles doivent renoncer à se marier, alors que le mariage est incontournable pour jouer un rôle social et être respecté dans la société congolaise. Les conditions difficiles dans lesquelles elles vivent, la peur et la honte qu’elles ressentent, constituent pour elles des barrières d’accès aux soins. De plus, au sein même des structures de santé, le personnel soignant a parfois tendance à porter des jugements et à tenir des propos moralisateurs, en lien avec leurs valeurs morales et religieuses.

Le profil socio-économique n’est pas en reste

À Goma, la majorité de la population n’a toujours pas accès ou ne dispose que d’un accès restreint aux soins de santé modernes. Les personnes les plus démunies et marginalisées sont les premières victimes de discriminations. Celles-ci sont particulièrement défavorisées lorsqu’elles cumulent plusieurs facteurs de discriminations, tels que le profil socio-économique, le genre et le capital social. Il est souvent demandé aux patient·e·s d’être accompagné·e·s pour être pris·es en charge (et particulièrement les consultations de gynécologie de jeunes femmes). En effet, les personnes seules sont généralement moins facilement accueillies. Et les réseaux de solidarité, famille, amis, voisinage, ou bien le réseau communautaire et religieux, jouent un rôle fondamental pour obtenir des prêts et des dons qui permettront de se faire soigner, d’où la difficulté d’accès aux soins pour les personnes marginalisées.

Pourtant, le droit de jouir d’une bonne santé constitue un droit fondamental de l’individu, droit qui lui est garanti par les législations nationales et internationales. C’est dans cette perspective qu’ULB-Coopération poursuit le volet « Lutte contre les discriminations » au sein du projet PADISS.

À partir de septembre 2018, des actions seront mises en place pour qu’une plus grande partie de la population puisse avoir accès aux soins de santé.

 

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