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16/01/23

Engagement communautaire en RDC

La deuxième pierre angulaire de nos projets, outre les aspects universitaires et de recherche, c’est notre appui à l’engagement communautaire, comme moyen pour assurer la durabilité de nos actions.

Si cet élément n’est pas neuf, il n’en demeure pas moins indispensable. L’une des stratégies mobilisées pour susciter et maintenir l’engagement des populations, c’est d’associer ces communautés à la co-construction des projets, dès leur conception et jusqu’à leur mise en œuvre. Nos équipes portent donc un effort et une attention constante à l’implication des bénéficiaires à toutes les étapes du projet.

Dans les filières apicole et agroécologique, cela se concrétise dans des espaces d’apprentissage spé­cifiques, dans le soutien à l’émergence de solutions par les communautés, dans un accompagnement de la construction des filières à chaque étape, ainsi que dans des approches d’andragogie active.

ESPACES D’APPRENTISSAGE

Fruits des projets d’ULB-Coopération entre 2017 et 2021 dans le Kongo-Central, les approches de champs-écoles paysans et de ruchers concentrés vont être généralisées à toutes nos interventions.

Le premier« espace d’apprentissage » concerne les agriculteur·trices et le second se focalise sur les apiculteur·trices. L’objectif principal qui les relie, c’est de créer des cadres dédiés à l’expérimentation et à la construction commune des savoirs. En effet, le postulat est que si un apprentissage théorique peut être nécessaire et utile, l’apprentissage par l’action permet de mieux s’approprier les savoirs et ensuite, voire surtout, de les adapter à sa propre réalité. Le travail d’ULB-Coopération, l’accompagnement  de ces espaces, consiste principalement à encadrer les apprenant·es pour qu’ils et elles construisent des réponses à leurs propres problèmes. Par exemple, la question de l’irrigation des cultures maraîchères se posait car celles-ci nécessitent d’importants apports en eau. Si le paillage du sol est une pratique souvent plébiscitée dans l’agroécologie pour  diminuer les pertes en eau, les communautés voulaient aussi tester la pose de bouteilles plastiques retournées pour irriguer lentement. Nous avons donc testé les deux pratiques séparément et combinées, et il s’avère que les agriculteur·trices avaient raison quant au fait que ces deux techniques fonctionnent mieux ensemble !

Autre avantage de ces espaces d’apprentissage, c’est qu’ils offrent un accès collectif et sécurisé au foncier. L’accès aux terrains, au foncier, est en effet un problème de taille pour les projets agro­-environnementaux. Des contrats sont donc négociés entre les agriculteur·trices ou apiculteur·trices et les ayants-droits fonciers, afin de rendre disponibles des terres qui seront ensuite productives, grâce aux projets d’ULB-Coopération, et dont les bénéfices économiques seront partagés.

Si les champs-écoles paysans ont été développés par la FAO il y a de nombreuses années, les ruchers concentrés ont été initiés par ULB-Coopération et quelques années de pratique indiquent qu’ils sont un outil totalement adapté. En vue d’améliorer nos approches, nous identifions actuellement les éléments qui les soutiennent et qui permettraient une généra­lisation mesurée. À ce stade, les recommandations pointent :

  • Mettre au centre des formations des apiculteur·trices ou agriculteur·trices bénéficiant d’une notoriété dans leur communauté ;
  • Utiliser une multitude d’outils d’anima­tion de groupe, d’intelligence collec­tive, et les enrichir continuellement ;
  • Systématiser le suivi des séances de formation et recourir aux outils adé­quats pour le faire ;
  • Offrir des formations modulées en fonction des connaissances et com­pétences de chaque public cible : néophytes versus apprenant·es expériementé·es ;
  • Prévoir et anticiper un accompagne­ment limité dans le temps.

Pour implémenter ces améliorations, nos équipes de terrains et partenaires sont actuellement formés à l’animation communautaire.

SUIVI DE PROXIMITÉ

Un autre exemple de notre méthode d’engagement communautaire est le suivi de proximité développé autour de la filière apicole. La pratique apicole est complexe et nécessite un accompagnement de plusieurs années. Les conditions variables dues aux changements climatiques intensifient cette complexité, à cause de la perte de prévisibilité. Nous avons ajouté à notre suivi de proximité continu un outil inédit de réponse rapide aux besoins urgents. Par exemple, lors d’une attaque de fourmis, qui peut ravager une ruche en quelques jours et fait alors perdre l’entièreté de la récolte, il est indispensable d’intervenir rapidement. Ces tâches reviennent aux animateurs d’ULB-Coopération pour les 6 associations apicoles environnant la Réserve de Biosphère de Luki, regroupées dans le Collectif des Apiculteurs du Mayombe (COAPMA).

Dans les différents villages se trouvent des pépinières d’essences mellifères, et là aussi, notre suivi est de proximité. Il en va de même pour les mini-mielleries installées à divers endroits qui bénéficient aussi de la grande expérience apicole de nos animateurs de ter­rain, et de l’appui à la commercialisation, prodigué par d’autres membres de nos équipes !

L’engagement communautaire est donc un processus déterminant qui requiert le transfert des compétences vers les bénéficiaires, sur base d’approches actives et adaptées au contexte.