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13/01/23

Agroécologie et système alimentaire durable en RDC

CLÉS DE COMPRÉHENSION

Apparu dans les années 30 d’abord comme une discipline scientifique, le terme agroécologie sera ensuite compris en Europe comme un ensemble de pratiques agricoles, se construisant de pair avec les mouvements sociaux majeurs en Amérique du Sud et Centrale.

L’agroécologie est donc un concept polysémique. Elle se réfère parfois aux seuls systèmes productifs (les pratiques agroécologiques), parfois aux systèmes alimentaires agroécologiques, mais cer­tains la conçoivent plutôt comme l’étude des rapports entre la production ali­mentaire et la société. Elle devient là un sujet sociologique.

L’agroécologie n’est donc ni un créneau réservé aux petits exploitant·es, ni un label obtenu au vu de certaines pratiques, contrairement à l’agriculture biologique par exemple. C’est, fondamentalement, une logique universelle qui consiste à repenser les systèmes agricoles de manière à maximiser la biodiversité et à stimuler les interactions entre différentes plantes et espèces. Il s’agit d’une stratégie holistique qui vise à assurer la fertilité des sols sur le long terme et à garantir la durabilité des « agroécosystèmes » et des moyens d’existence des agriculteurs et agricultrices qui en dépendent.

Cette logique se traduit concrètement en différents principes qui guident la tran­sition vers des systèmes  alimentaires plus sains et plus durables. Ces principes s’appliquent à la fois au niveau des agroécosystèmes, mais aussi au niveau des territoires, des chaines de valeurs, des consommateur·trices et des espaces de gouvernance, c’est-à-dire à l’ensemble des systèmes alimentaires (« de la ferme à la fourchette »).

La notion de système alimentaire, c’est simplement la manière dont les femmes et les hommes s’organisent dans l’espace et dans le temps pour obtenir et consom­mer leur nourriture. Elle a l’avantage de représenter les relations entre les activités, les flux (physiques, économiques, infor­mationnels), les institutions et les connais­sances qui contribuent, ensemble, à nourrir une population. Pour être fonction­nel, ceci suppose le développement d’une offre alimentaire suffisante, sûre, nutritive et diversifiée, tout comme la garantie d’un accès permanent à cette nourriture, dépendant aussi des préférences alimen­taires et des habitudes culturelles.

Les systèmes alimentaires durables visent ainsi à répondre aux quatre piliers de la sécurité alimentaire: la disponibilité, l’accès, l’utilisation et la stabilité. Considérée dans une perspective du développement durable, la sécurisation alimentaire nécessite des modes de production et de distribution permettant le renouvellement des ressources naturelles et la rémunéra­tion des producteurs·trices agricoles.

AGROÉCOLOGIE ET SYSTÈMES ALIMENTAIRES DURABLES AU KONGO-CENTRAL

Pour permettre aux communautés de pro­duire, consommer et vendre une nourriture saine, nos projets promeuvent les pra­tiques agroécologiques de production. Il s’agit, par exemple, d’encourager les producteur·trices à utiliser les fertilisants biologiques et les moyens de lutte non chimiques pour résoudre les questions des maladies et ravageurs des cultures.

Si on veut inciter les jeunes à quitter les pratiques rentables mais néfastes de la production de charbon de bois, une voie est de proposer des formations pratiques sur l’agroécologie pour les cultures maraîchères. D’autres voies que nous poursuivons sont celles des champs-écoles paysans et des ruchers concentrés.

Ces deux approches renforcent les producteur·trices pour qu’iels disposent des connaissances théoriques et pratiques pour résoudre eux·elles-mêmes les problèmes rencontrés dans l’agriculture ou l’apiculture. Elles se fondent sur l’apprentissage par l’action, et par les essais-erreurs. Elles offrent l’avantage majeur que les personnes construisent les solutions les plus adaptées à leur contexte (et par là, les plus durables), plutôt que de recourir à des solutions « clé sur porte » venant de l’extérieur.

Toutes les voies explorées peuvent être pertinentes, mobilisées à différents mo­ments, certaines s’avèreront plus ou moins adaptées selon les habitudes ou encore les possibilités locales. Pour apprécier ces différentes approches et l’adoption de pratiques agroécologiques, nous utilisons l’outil TAPE (Tao/for Agroecology Perfor­mance Evaluation) de la FAO, qui évalue l’impact de l’agroécologie sur 10 critères :Outil Tape Fao

Cet outil est indispensable, puisqu’une intervention spécifique peut avoir un impact très positif sur certains facteurs, mais moins sur d’autres. Le défi est évi­demment de mettre en place des actions qui maximisent les impacts positifs !

Si nos projets sont suivis et évalués, plusieurs outils permettent de baliser nos actions dès l’amont, afin d’en réduire les éventuels effets négatifs. Assez innovant, le diagnostic agraire que nous effectuons systématiquement permet, par exemple, d’identifier les productions agricoles et les filières les plus adaptées pour chaque village. Sur cette base, nous définissons alors les actions pertinentes, les mettons en œuvre (sensibilisation, champs-écoles paysans, ruchers concentrés…) puis les évaluons pour réajustement. Notre processus est donc toujours itératif, et vise l’amélioration continue, sur base des connaissances croisées des parties prenantes. C’est cette approche qui va désormais guider les nouvelles actions au Parc Marin des Mangroves !