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Sénégal : Freiner la déforestation

Un projet d’adaptation et d’atténuation aux changements climatiques

 

Au Sénégal, plus de 80 % des ménages utilisent le bois et le charbon de bois comme principales sources d’énergie. Le bois est principalement utilisé dans les villages tandis que les ménages urbains modestes ont recours au charbon. Les ménages plus aisés utilisent quant à eux d’autres énergies tel le gaz.

La coupe du bois intensive, couplée aux feux de brousse fréquents durant la saison sèche, diminue la quantité de bois et de charbon de bois disponible pour la population. Les saisons sèches, de plus en plus intenses suite aux dérèglements climatiques, ne permettent plus à toutes les variétés d’arbres de survivre ou de se régénérer naturellement. Une question cruciale se pose : que faire pour atténuer la déforestation ?

La Wallonie, au travers de l’Agence Wallonne pour l’Air et le Climat (AWAC), s’est engagée à financer des projets d’adaptation et d’atténuation aux changements climatiques. Un premier projet, dénommé DEFICHARPA (Développement de la Filière Charbon de Paille), de l’ONG sénégalaise Nebeday, a été soutenu de 2012 à 2016. C’est avec ce même partenaire qu’ULB-Coopération réalise aujourd’hui un projet également financé par l’AWAC, nommé Gestion participative de forêts, qui poursuit les travaux sur le charbon de paille et diffuse de nouvelles techniques de production et de consommation durable d’énergie.

Trois forêts menacées

Le projet se centre sur trois forêts, Djilor, Némabah et Sangako, totalisant 3.660 ha. L’économie des 27 villages riverains repose essentiellement sur des activités liées à l’exploitation de ressources naturelles : agriculture, pêche, élevage, arboriculture fruitière, apiculture et exploitation forestière. Les habitants de ces villages tirent de la forêt des produits ligneux (bois de chauffe, bois d’oeuvre, bois de service) et non-ligneux (fruits, feuilles, racines, écorces, etc.) qui leur permettent de diversifier leurs revenus et leur consommation en protéines végétales. Malheureusement, les prélèvements non contrôlés et la surexploitation de certaines essences menacent le maintien de ces massifs forestiers. Ceux-ci jouent pourtant un rôle essentiel dans la préservation de la biodiversité et dans les facultés de résilience de la population.

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Nebeday, partenaire local du projet

Depuis sa création en 2011, en mettant en place d’importantes campagnes de protection et de reboisement des forêts, l’association Nebeday a développé une expertise particulièrement pertinente :

Aménager les forêts

Les agents de l’association, appuyés par ULB-Coopération, soutiennent l’élaboration des plans d’aménagement et de gestion des trois forêts, en collaboration avec les populations qui sont préalablement sensibilisées à la gestion durable des forêts. Les plans sont établis sur base d’un inventaire forestier destiné à évaluer le potentiel spécifique de chaque forêt, la densité de la végétation et son degré de régénération. Les menaces et contraintes sont identifiées. Un plan de gestion spécifique est proposé, adapté aux contextes environnementaux et sociopolitiques de chaque aire protégée. L’association sensibilise et forme également les comités villageois aux règles des plans d’aménagement. Elle forme les éco-gardes dans les différents aspects de leur travail : gestion, planification participative, législation spécifique, techniques de coupe, collecte des données, équipements, etc. Elle met en place des actions de reboisement, plante les arbres, utilisant des essences comme le moringa, l’anacardier et le palétuvier, met en place le système de surveillance et de lutte contre les feux de brousse, se charge de poser des panneaux signalétiques et de baliser les blocs et les parcelles.

Exploiter durablement les ressources forestières

L’aspect économique n’est pas oublié. Chaque forêt dispose de ressources naturelles exploitables, sources potentielles de revenus. Mais comment construire des opportunités de développement durable (quels produits exploiter, dans quelle quantité, quelle plus-value apporter) ? Les revenus générés doivent subvenir aux besoins des populations mais également permettre d’effectuer les travaux d’entretien de la forêt (entretien des pare-feu, rémunération des éco-gardes, régénération, etc.), et offrir aux collectivités locales les moyens d’assurer des services à la population. L’association accompagne les collectivités pour que les plans d’aménagement prennent en compte ces éléments et déterminent une clef de répartition des excédents. Elle accompagne également les bénéficiaires dans le suivi de leurs recettes et dépenses.

Développer des alternatives au charbon de bois classique

La consommation du bois à des fins énergétiques est indispensable à la population mais, lorsque son exploitation est mal gérée, elle contribue dramatiquement à la déforestation. Des activités de recherche développement sont menées pour tenter d’optimiser le taux de conversion du bois en charbon (fours à haut rendement), ou encore pour produire du charbon de paille de bonne qualité à un prix abordable. Des travaux sont également menés pour tenter de diminuer la consommation d’énergie. Le potentiel des foyers améliorés en termes de consommation de bioénergies solides est ainsi investigué.

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