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22/06/22

Gestion durable des ressources naturelles dans et autour de la Réserve de Biosphère de Luki

En République démocratique du Congo, l’accès durable et sécurisé au foncier constitue un défi majeur pour les exploitants apicoles et agricoles, notamment dans la province du Kongo-Central et autour de la réserve de biosphère de Luki. ULB-Coopération y accompagne les différentes parties prenantes pour améliorer l’offre et la demande foncières, à travers l’expérimentation de stratégies adaptées à la situation des apiculteurs et agriculteurs qui ne bénéficient pas de droits fonciers.

À la suite d’une étude menée dans la région de Luki, on observe que la pratique de l’apiculture, autour et au sein de la Réserve de Biosphère, favorise une gestion durable des écosystèmes forestiers, grâce à la conservation des arbres existants et la plantation d’autres espèces végétales. L’affectation de terres à l’apiculture permet l’enrichissement de ces dernières, grâce à l’amélioration de leur fertilité agricole et de leur valeur, au profit d’éventuels utilisateurs à des fins de production vivrière. C’est ainsi une opportunité qui contente aussi bien les ayants-droit que les demandeurs de terres agricoles.

En outre, l’apiculture est une activité rentable qui contribue à la diversification des sources de revenus des paysans. Selon Nshembe (2021), 1 dollar investi dans l’apiculture par un producteur non-ayant droit, exploitant 6 à 10 ruches, lui rapporte 0,77 dollar, soit un revenu annuel net de 130 dollars. C’est une somme non-négligeable pour les paysans concernés.

Le facteur limitant est l’accès à des superficies plus grandes. Pour contourner cet obstacle, ULB-Coopération s’est lancée dans une nouvelle approche, celle du Rucher Concentré. Cette technique consiste, pour un groupe d’apiculteurs, à louer collectivement un espace et à le consacrer à l’apprentissage et à la production apicole. Expérimenté pendant 5 ans par 193 apiculteurs, regroupés dans 26 ruchers concentrés autour et au sein de la réserve de Biosphère de Luki, cette stratégie a permis une gestion collective et apaisée des espaces, et la garantie d’une source de revenus au profit des ayants-droit à qui les terres sont louées.

En parallèle de l’accès aux terres, l’approche inclut une dynamique de groupe constructive, basée sur la résolution collective de problèmes techniques et concrets d’apiculture. Les problèmes sont identifiés par les apiculteurs, ils sont ensuite analysés, les options de résolution sont discutées avec l’accompagnement technique de l’animateur d’ULB-Coopération. La(les) solution(s) choisies sont ensuite appliquées par les membres du Rucher Concentré et évaluées pour un éventuel ajustement.

Parallèlement à cette approche développée au niveau apicole, un dispositif similaire est utilisé dans le volet agricole des actions d’ULB-Coopération : le Champ École Paysan (CEP). Autour de la ville de Kisantu (Kongo-Central), il renforce l’autonomisation des producteurs dans la résolution de leurs problèmes technico-économiques, par l’apprentissage collectif également. Les 5 années de pratiques des CEP ont permis de capitaliser des outils adaptés, tant à la formation des adultes qu’au contexte rural et au suivi de proximité.

Les nouveaux projets de l’ONG vont relier les outils développés dans les CEP à ceux des Ruches concentrés, tout en les affinant. Ce processus d’harmonisation vient d’être entamé. Le fruit de ce travail sera partagé via une formation-action avec le personnel d’ULB-Coopération et les partenaires impliqués dans le nouveau programme qui, nous l’espérons, ouvrira la voie à une intégration réussie entre l’apiculture et l’agriculture !

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