Dans le cadre de mon master en sciences de la population et du développement, je réalise un stage au sein de l’association Am Be Koun – Solidarité située à Tambacounda, au Sénégal. Ma présence me permet aussi de recueillir les données nécessaires à mon mémoire, sur la gestion des systèmes de distribution d’eau en milieu rural.

Mon rôle est d’accompagner les femmes des groupements d’intérêt économique (GIE) pour la mise en place de la commercialisation de leur production maraîchère. Actuellement, ces 5 GIE cultivent puis vendent leur récolte sur le marché de Tambacounda, en passant par des grossistes. Un de mes objectifs était de sensibiliser ces grossistes aux réalités rurales. Nous leur avons donc proposé de visiter les jardins potagers et de discuter avec les maraîchères. Ces dernières, avec l’appui de l’équipe d’Am Be Koun, ont fait la promotion des techniques agroécologiques et de leurs avantages face aux techniques conventionnelles. Le message est, semble-t-il, passé !

J’ai eu l’opportunité d’accompagner les femmes au marché de Tamba. Le trajet est nocturne, les femmes partent la veille, en charrette tirée par des ânes. Le voyage est périlleux parce que les chemins ne sont pas toujours praticables… et parce que les ânes sont effectivement des animaux têtus ! Arrivées au marché, vers 2-3h du matin, les maraîchères dorment sur des bâches, attendant les premiers clients, vers 6h. À la nuit de voyage suit une journée animée sous la chaleur étouffante du marché. J’ai été impressionnée de l’énergie requise pour ensuite, reprendre le chemin du retour, d’autant plus que toutes les femmes sont toujours accompagnées de leur plus jeune enfant !

D’un point de vue personnel, j’ai séjourné dans le village de Diombodina, et cette immersion complète en milieu féminin et traditionnel m’a permis de mieux comprendre leur quotidien. Les femmes sont en activité constante dès 6h, et les jours se ressemblent tous. Une journée typique ? La première activité est d’aller puiser l’eau et de la stocker dans des jarres, c’est l’eau de boisson. L’eau des bornes fontaines, elles l’emploient pour la cuisine et pour le lavage (vaisselle, linge et corps). Il s’agit ensuite de cultiver le champ (culture conventionnelle et « jardin Am Be Koun »), s’occuper des enfants, préparer les différents repas de la journée, laver le linge ou encore transformer les légumes cultivés (couper le gombo pour le vendre sur le marché, enlever les arachides des pousses, décortiquer les haricots). J’ai aussi entraperçu certains aspects du fonctionnement des « concessions familiales », où, par exemple, c’est une femme différente qui, tous les deux jours, cuisine pour toute la concession. Au niveau du village, j’ai pu observer des éléments de l’économie locale en place : chaque femme a son business, l’une vend le pain-mayonnaise, l’autre vend l’huile et le poivre, et toutes commercent entre elles.

Aujourd’hui, je me plonge dans une autre étape du développement de la filière maraîchère : l’aspect promotionnel des GIE et des bénéfices de l’agroécologie…

Louise Laroye, stagiaire