Le 23 février 2019, après près de 9 heures de vol et 4 heures de voiture à admirer les superbes paysages rwandais, j’arrive enfin à Goma ! Enfin, presque… Il faut encore que je passe la frontière rwando-congolaise non sans quelques appréhensions. Finalement, après quelques questions et vérifications de papiers, ça y est, mon aventure commence !

L’odeur des feux de bois, les taxis-motos, les sourires et les coups de klaxon me mettent directement dans l’ambiance congolaise. Et bizarrement, même si c’est la première fois que je me rends en Afrique subsaharienne, je me sens tellement bien. Il faut dire que ce stage, j’en rêve depuis très longtemps. Pascal, qui m’attendait dans le 4×4 d’ULB-Coopération, me dépose chez Agnès chez qui je vais loger et qui m’accueille avec un grand sourire : « Jambo » ! Le lendemain, petite visite de la ville. Premier face-à-face avec le lac Kivu : le sourire ne se détache plus de mon visage. La journée file à toute vitesse et c’est tant mieux, je suis impatiente de commencer mon stage !

Lundi matin, les choses sérieuses commencent. Je suis très vite dans le bain. Première réunion hebdomadaire où je rencontre l’équipe. Tout le monde me met à l’aise et m’accueille avec le sourire. Puis, ma maître de stage, Hélène, m’explique dans les grandes lignes l’approche que nous allons ensemble poursuivre, autour des discriminations et des inégalités dans l’accès aux soins de santé. Elle aborde avec moi le contexte particulier dans lequel évoluent les malades en RD Congo et en particulier à l’Hôpital Provincial du Nord-Kivu (HPNK). Premier choc : ici, les patients qui ne parviennent pas à payer les frais hospitaliers, les « indigents » comme on les appelle, restent enfermés dans l’enceinte de l’hôpital. Ils se retrouvent donc très souvent obligés de mendier pour survivre. Aussi, beaucoup laissent derrière eux des enfants qui se retrouvent livrés à eux-mêmes. Le contraste avec notre pays me frappe de plein fouet. Afin d’essayer d’enrayer ce cercle vicieux, Hélène a mis en place des critères d’indigence qui fonctionnent par « score ». Sur base de différentes questions, le score identifie les personnes considérées comme étant dans une situation d’extrême précarité. Cette identification en amont permettrait d’envisager un système d’acquittement des dettes. Plus tard dans la semaine, nous apprendrons que trois personnes ont été ainsi « libérées » grâce à ces propositions.

Ensuite, je découvre un autre volet de ce projet, concernant le diabète. Le diabète ? Oui oui, le diabète ! Inattendu, c’est un pan peu médiatisé en Europe, mais en Afrique, cette maladie chronique, au même titre d’ailleurs que les maladies cardiovasculaires, est en réalité plus mortelle que le VIH/SIDA. Elle peut entraîner la cécité, des atteintes des pieds pouvant conduire à des amputations, des infarctus et des accidents vasculaires cérébraux ou encore des insuffisances rénales. Être atteint de diabète est donc potentiellement très lourd de conséquences. Une difficulté importante est que son traitement nécessite une autogestion active de la part du patient : il a la responsabilité de prendre ses médicaments de manière régulière et d’adopter un mode de vie sain avec un régime alimentaire adapté et une activité physique régulière. Pas toujours simple à mettre en place, surtout quand on ne dispose pas des informations nécessaires. Du coup, la commission de discrimination de l’HPNK a décidé d’entreprendre plusieurs actions, dont un forum de discussion que je co-organise avec Hélène, destiné aux patients diabétiques et aux prestataires de soins afin de faciliter le dialogue et de promouvoir une écoute active des difficultés rencontrées par chacun.

Après seulement quelques jours de stage, je réalise qu’il y a énormément de travail et de défis à relever. Je suis entourée d’une équipe solidaire et motivée, ce qui me permet d’entrevoir beaucoup d’espoir pour l’avenir !