Dr Bahizire
18/10/18

Le Dr Bahizire a présenté sa thèse sur les liens entre paludisme et malnutrition

La carence en fer constituerait donc une certaine « protection » contre le paludisme?

Depuis une quinzaine d’années, le parcours du Dr Bahizire croise régulièrement celui d’ULB-Coopération. C’est peu après ses études de médecine générale à Bukavu, alors qu’il est médecin à l’hôpital de Lwiro, qu’Esto entre en contact avec notre ONG. Après quelques années de pratique hospitalière, la qualité de son travail lui permet d’obtenir une bourse pour suivre un Master en santé publique à Bruxelles. Parallèlement, il se lance dans la recherche dans les domaines du VIH (prévention de la transmission mère-enfant) et des liens entre la nutrition et le paludisme (malaria). Il y a peu, au bout d’un long cheminement et après un Xème séjour en Belgique, loin de sa femme et de ses enfants, le Dr Esto Bahizire est reparti dans son Sud-Kivu natal, nanti du titre de Docteur en sciences de la santé publique (de l’ULB).

Sa recherche doctorale, qui propose une hypothèse originale, donne une suite aux travaux de thèse du Dr Prudence Mitangala, autre collaborateur d’ULB-Coopération. Ce dernier avait mis en évidence que les enfants en état de malnutrition souffraient moins de paludisme. Plus inquiétant, le nombre d’épisodes de paludisme augmentait lors des phases de renutrition de ces enfants, avec une virulence évidemment élevée sur de petits patients encore très affaiblis. Le Dr Bahizire a analysé ce « lien » entre paludisme et malnutrition en se centrant sur les carences en fer.  Il a démontré que le paludisme est plus fréquent chez les personnes dont le statut en fer est normal ou élevé, et que la carence en fer constituerait donc une certaine « protection » contre le paludisme. Ces résultats questionnent les pratiques de renutrition, dont l’apport en fer est une des bases. Peuvent-ils être transposés à d’autres régions ? Une stratégie différente serait-elle plus appropriée dans les régions où la malaria est fréquente ? Autant de questions auxquelles le Dr Bahizire espère pouvoir apporter sa contribution puisque, de retour à Bukavu, il désire allier recherche et vie de famille, approfondir les mécanismes des liens entre les micronutriments (spécifiquement le fer) et les maladies infectieuses, et, toujours, produire des résultats utiles aux populations du Kivu.

Le parcours d’Esto Bahizire, comme sur celui de Jérôme Fazili, témoigne de l’engagement d’un homme pour œuvrer au bien-être de la population de son pays, où les formations de qualité qu’il a reçues et les recherches spécifiques au contexte local qu’il a menées ont joué un rôle important. Il nous convainc une fois encore de la pertinence du modèle de coopération défendu par ULB-Coopération, alliant développement, recherche et formation.