Aire marine protégée de Bamboung : un rôle central entre préservation et développement
Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2011, le delta du Saloum s’impose comme l’un des joyaux écologiques et culturels du Sénégal. Cet espace naturel unique, vaste de 500 000 hectares, abrite une biodiversité exceptionnelle et un patrimoine culturel d’une richesse rare. Pourtant, seule une fraction de cette zone – 78 000 hectares – bénéficie aujourd’hui d’une reconnaissance officielle sur la liste mondiale.
La singularité du delta repose sur l’équilibre fragile entre biotope et biocénose, une véritable symbiose qui fait la renommée de son écosystème. Au cœur de cet espace se trouve l’Aire marine protégée (AMP) de Bamboung, qui regroupe 13 villages sur 7 000 hectares. Les habitant·es s’y consacrent à la pêche, l’ostréiculture, mais aussi à l’écotourisme et à la transmission de pratiques culturelles héritées depuis des générations. Mais le changement climatique menace ces activités. Les vestiges archéologiques, tels que les tumulus coquilliers, risquent également de disparaître si des actions fortes ne sont pas entreprises.
Le projet Niowan Saloum : entre préservation et développement
Pour relever ces défis, ULB-Coopération, en partenariat avec l’APEFE et l’ONG Nebeday, pilote le projet Niowan Saloum. Celui-ci vise à concilier sauvegarde du patrimoine et développement économique. Le programme s’intéresse à deux dimensions : les préjudices économiques, en soutenant des activités génératrices de revenus durables et les préjudices non-économiques, à travers la protection des vestiges historiques et archéologiques.
Pour approfondir notre connaissance du contexte local, Mamadou Diallo, étudiant en histoire à l’Université Cheikh Anta Diop, s’est attelé à :
- Identifier le patrimoine culturel matériel et immatériel de la zone
- Analyser les modes de transmission intergénérationnelle des savoirs historiques et culturels au sein des communautés locales
- Examiner les initiatives locales d’écotourisme et leur impact sur la conservation du patrimoine
- Mettre en lumière le rôle de l’écotourisme dans le développement économique des populations locales
Son travail s’est appuyé sur des enquêtes orales, prospections archéologiques et visites auprès des communautés locales, des autorités administratives et des groupements de femmes. Mamadou a notamment visité les îles de Sipo et de Bamboung, l’île de Diorom-Boumak (communément appelée « île aux coquillages », qui présente un intérêt culturel universel et attire de nombreux touristes) ainsi que l’arbre géant de Missirah, véritable repère naturel et culturel.
Ce travail de terrain, complété par des recherches documentaires, a mis en lumière le rôle central de l’AMP de Bamboung dans la revalorisation des pratiques ancestrales et de développement d’une économie locale respectueuse du patrimoine. Les activités telles que l’ostréiculture, la pêche artisanale ou les visites culturelles des îles illustrent une dynamique de résilience, où les communautés réaffirment leur identité tout en s’adaptant aux enjeux du développement durable.
Ainsi, pour assurer la pérennité de ce patrimoine, Mamadou Diallo conclut qu’il est indispensable de :
- Renforcer les initiatives locales
- Encourager la recherche ethnoarchéologique
- Intégrer les savoirs traditionnels dans les politiques de gestion et de valorisation du territoire.